mardi 12 octobre 2010

Un texte de Laetitia Kozlova...

Il y a deux Caroline.

L’une sculpte le bois et le bronze.
Ce travail alliant le métal à la matière brute a commencé au fond de son jardin, à Niamey au
Niger.

L’autre crée des formes courbes en résine,
guidée par une recherche de plaisir qui correspond à son retour en France, huit ans plus tard.


LES RESINES

Créer une forme qui apaise, qui tourne, qui se manipule à loisir.
A son retour en France, Caroline Poulet s’éloigne du travail classique de l’anatomie.
Dans l'atmosphère chargée de la ville, les spirales sans cesse l’accompagnent.

Elle modèle des formes rondes, douces, féminines.
Elle cherche l'harmonie d’une courbe et la développe dans l'espace.
Elle donne naissance à un mouvement, en forme de soulagement.

Sur l'armature en fer et les papiers journaux, s'applique la résine, puis le mastique, la peinture, le vernis.
La matière ainsi polie attire l'œil, le doigt, et le corps même parfois.
Elle nous laisse glisser, poursuivre ce mouvement à notre guise, le repositionner, à volonté.

Avec ses résines, Caroline Poulet invite au plaisir, au jeu, à l'évasion en trois dimensions.


LES BOIS ET BRONZES

Chaque poutre a une histoire, qui lui donnera son nom.
Il y a celle-ci, rapportée d’un chantier à côté du Château de Courances, celle-là trouvée dans l’Océan Pacifique, cette autre encore, brûlée, qui arrive de Twentynine Palms en Californie.
Il y a les bois africains, plus légers, qui ont voyagé dans une malle, avec des coupures de journaux locaux.

Les bronzes, eux, ont été fondus dans la chaleur de Niamey au Niger.
Des bustes, des corps de femme, et puis des formes simples : des ronds, des triangles, des rectangles.

Le bois brun et sauvage accueille le métal brillant en son sein, à une extrémité, dans une fente…
Trouver ce lieu de rencontre, équilibre de deux matériaux, de deux volumes, est une quête.
Une quête d’harmonie, un processus intérieur et charnel à la fois.

Caroline Poulet regarde, touche, écoute les matières. L’œuvre se sent réalisée.

Commence alors un dialogue infini entre ce qu’on voit et ce qu’on ressent, entre la beauté de l’objet et l’invisible qui s’y déploie dedans, et dehors.


Laetitia Kozlova (France Culture)